Cour de photo : comment photographier une course à pied ?

Dans ce cours de photo je vous propose ma méthode et mes réglages pour photographier une course à pied. C’est une technique de prise de vues que vous pourrez également utiliser avec des enfants qui jouent ou pour d’autres sports d’extérieur pour lesquels la vitesse des mouvements reste dans le même ordre de grandeur que la course à pied : foot, rugby ou, dans une moindre mesure, les échecs et la bataille navale.

Anticipez le passage des coureurs

Le secret pour réussir une photo de sport c’est de ne pas rater l’instant. Facile à dire ! Autant dire que vous n’aurez pas droit à l’erreur. Vous n’aurez pas le choix, il va falloir anticiper. Commencez par vous placer en évitant de vous mettre à contrejour. Essayez de trouver un point de vue sur une sortie de virage avec un bel arrière plan : homogène, sans fil électrique, ni voiture ou trucs pourris.

Le plus simple est de photographier le coureur en sortie de virage plutôt que lorsqu’il vous passe devant à toute vitesse. D’abord car vous l’aurez de face et non pas de côté. Ensuite car arrivant de face, son déplacement sera dans l’axe de votre appareil photo. Votre cadrage et votre mise au point en seront facilités.

Avec un peu de chance, la personne que vous aurez à photographier ne sera pas dans le peloton de tête. Cela vous permettra de vous faire la main sur les premiers concurrents avant de voir votre sportif préféré passer devant l’objectif. Pour vous en assurer, jouez lui de la trompette en pleine nuit la veille de la course ou coupez ses berlingots de Pom’potes avec des laxatifs ou faites lui manger du cassoulet (Attention : jamais les deux en même temps !).

Cours de photographie pour apprendre à photographier une course à pied

Quel programme d’exposition utiliser pour la photo de sport ?

Qui dit sport dit vitesse. Instinctivement, on serait tenté de vouloir utiliser un programme priorité vitesse. C’est le programme Tv (Time Value) en Canon et S (Speed) chez Nikon. L’idée étant de se caler sur une vitesse rapide. La vitesse mini pour un sport non mécanique tourne autour de 1/500e de seconde. Mais le programme priorité vitesse ne vous permet pas d’obtenir la vitesse la plus rapide. Il permet d’imposer une vitesse précise. En priorité vitesse, l’appareil mesure la lumière et ajuste automatiquement le diaphragme en fonction de la sensibilité ISO et de la vitesse que vous lui imposez. Vous pourrez bien évidement décider d’augmenter la vitesse mais uniquement si, après avoir mesuré la lumière de la scène, votre ouverture de diaphragme vous le permet.

L’exposition est un équilibre entre l’ouverture de diaphragme et la vitesse d’obturation. Vous devrez veiller à ne pas dépasser les limites techniques de l’appareil. Si vous imposez une vitesse plus rapide, vous laissez entrer moins de lumière dans l’appareil. L’appareil compensera donc en ouvrant un peu plus le diaphragme. Le « robinet à lumière » coulera moins longtemps (vitesse rapide), mais pour compenser, le débit sera plus important (plus grande ouverture de diaphragme). Or l’ouverture du diaphragme n’est pas extensible à l’infini. Et lorsque vous aurez atteint l’ouverture maximale, vous ne pourrez plus continuer à monter la vitesse sans risquer la sous exposition. Sur la plupart des appareils photos, vous verrez le diaphragme clignoter ou le signe « Low » apparaître. Pour continuer sur l’exemple du robinet à lumière une fois que le robinet est ouvert à fond (le diaphragme est ouvert au maximum), si le robinet ne coule pas assez longtemps (vitesse trop rapide) vous n’aurez pas laissé entré assez de lumière pour exposer correctement votre image. Et votre image sera sous-exposée.

Le plus simple est d’utiliser la priorité ouverture

J’insiste un peu sur cette notion car c’est la base du jeu du couple vitesse diaphragme et du triangle d’exposition. Au final, le mode d’exposition priorité vitesse, ne vous permet que d’imposer une vitesse précise. Si vous souhaitez obtenir en permanence la vitesse la plus rapide sans dépasser les limites techniques de l’appareil et risquer la sous exposition, il est plus simple d’utiliser la priorité ouverture.

En utilisant le mode d’exposition priorité ouverture et choisissant une grande ouverture de diaphragme (f/5,6, f/4, f/2,8…) vous laissez entrez le maximum de lumière possible. Avec la priorité ouverture (Mode Av ou A selon les modèles), vous imposez à l’appareil d’ouvrir le robinet à fond. Une fois ce robinet ouvert à fond, l’appareil mesure la lumière et ajuste de lui-même la vitesse. Or comme le robinet est ouvert à fond, il ajustera nécessairement la vitesse la plus rapide possible. Et voilà le travail !

Vas-y z’ISO ! Vas-y z’ISO ! Alleeez !

Et si la vitesse d’obturation n’est toujours pas suffisante ? Si les fameux 1/500° de seconde ne sont toujours pas atteints ? Et bien, étant donné que vous êtes déjà au maximum de votre ouverture de diaphragme il ne vous restera plus qu’à augmenter la sensibilité ISO. Et là, Ô magie : diaph étant ouvert à fond, vous n’aurez rien à régler. L’appareil va mesurer la lumière et à nouveau vous proposer la vitesse la plus rapide possible. Et c’est autant de temps que vous ne passerez pas à bidouiller vos réglages pendant que votre sportif préféré passera en trombe devant vous. (NDLR : malgré nos demandes répétées, la plupart des sportifs se refusent à faire un second passage ou à s’arrêter ne serait-ce que quelques minutes pour prendre la pose durant une compétition. Face un tel manque de bonne volonté, il ne nous reste plus à nous photographes qu’à essayer d’être le plus réactif possible ou à leur coudre une GoPro sur l’élastique de la culotte)

Il n’est par contre pas souhaitable de mettre la sensibilité ISO en automatique. Car l’appareil aura tendance à faire un compromis entre une sensibilité relativement peu élevée (pour ne pas faire apparaître trop le bruit) et une vitesse ni trop rapide ni trop lente. Alors qu’il nous faut une vitesse élevée.

Cours de photo en ligne sur la prise de vues de course à pied
Attention à ne pas vous laisser distraire par le sujet au risque d’oublier le cadrage. Vous risquez de vous retrouver avec un sujet plus ou moins centré ou… sans ses pieds ! Merci à Christine et William pour cette série de photos durant laquelle j’ai  battu le record du tour de la fontaine.

Rafale et mise au point ?

Reste la question de la mise au point et du mode autofocus. Le mode autofocus le plus évident pour la photographie sportive est l’autofocus dynamique (AI-FOCUS et AI-SERVO en Canon, AF-A en Nikon). La mise au point faite sur le sujet va suivre les sujets en mouvement. Pratique pour un sujet sportif. Mais mieux vaut avoir un boitier et un objectif réactifs car sinon le suivi du sujet risque d’avoir un temps de retard et votre sportif préféré sera flou. Pas de quoi se faire recaler au test anti dopage mais suffisamment pour ne pas passer l’étape du dérushage.

A l’autofocus dynamique, je préfère donc souvent l’autofocus ponctuel (ONE SHOT en Canon et AF-S en Nikon). Celui-ci permet de bloquer la mise au point à une certaine distance. Vous pouvez l’utiliser si vous faites la mise au point et que vous déclenchez dans la foulée.

Quant à la rafale, sauf pour les sujets qu’il n’est pas humainement possible de voir réellement à l’oeil nu – je pense aux sabots d’un cheval au galop – Il m’a toujours semblé plus simple d’anticiper le mouvement, d’essayer le sentir le rythme du coureur et de déclencher à l’instant décisif plutôt que de jouer au tir de barrage en rafalant à la volée. Mais, c’est un choix personnel et je vous encourage à me suivre ou à trouver votre propre voie.

Quel matériel photo pour la photographie sportive ?

  • Un appareil photo reflex ou réglable en manuel et priorité ouverture
  • Zoom : minimum 50mm, un 200 mm est idéal.
  • Pas de trépied mais un monopode peut être confortable si vous avec un téléobjectif un peu lourd et si la course dure longtemps.
  • Une charte de gris mais un point de repère gris moyen fera l’affaire.

Résumé des réglages

  • Sensibilité : 400 à 800 iso
  • Mode de mesure de lumière : Matricielle avec une mémorisation d’exposition sur un gris moyen. Evitez la mesure sport, trop casse gueule.
  • Programme d’exposition : Priorité Ouverture avec une mémorisation d‘exposition. Si vous êtes sûrs de vos réglages après avoir mesuré, utilisez le mode d’exposition manuel pour faire une mémorisation d’exposition permanente. Le premier qui utilise le mode manuel sans avoir mesuré et qui commence à « faire des essais » je lui confisque son appareil et je le donne à un enfant en bas âge qui saura quoi en faire.
  • Ouverture de diaphragme : la plus ouverte possible
  • Vitesse d’obturation: la plus élévée possible avec un minimum de 1/500° de seconde
  • Mise au point : Autofocus
  • Balance des blancs : Automatique

[sc:Techniques]

10 réflexions sur “Cour de photo : comment photographier une course à pied ?”

  1. Bonjour

    Je suis un fan de photos et également de course sur route (Semi-Marathon et Marathon).
    Sur les différentes courses, je me mets en point fixe au Km35 sur le Marathon, et à mi-course sur le semi.
    Pour l’instant, mes réglages sont les suivants :

    Mode manuel, f/8, 1/250 ou 1/320, iso 200

    – f/8 pour avoir une très grande profondeur de champ
    – 1/250 ou 1/320 limite basse pour figé les coureurs
    – ISO 200 pour éviter de monté en ISO

    Je m’aperçois que l’ensemble de mes photos sont identiques malgré les changements de lumières pendant la durée de prise de vues (~ 5 h). Je pense que ceci est normal puisque je fige les trois valeurs du triangle.

    Je suis à la recherche d’un autre réglage qui pourrait me donner une autre qualité de photo lors des changement de la lumière.

    CONDITIONS de TRAVAIL :

    – Appareil photo sur trépied avec rotule bal
    – Sur une course, comme le jour de l’épreuve, je déclenche entre 3 000 à 4 000 fois, sans rafale, l’épreuve regroupant ~ 4 000 participants.
    Ce qui, vous en conviendrez ne me laisse pas beaucoup de temps pour fignoler mes réglages.

    Je pense essayer les réglages suivants :

    – Mode Av, f/8, 1/400, Iso 400

    MATERIEL UTILISE :

    – Boîtier CANON EOS 1 Dx ou 1D Mk IV
    – Objectifs 24 – 105 f/4 L IS USM ou 70 – 200 f/2.8 L IS USM

    Merci de me dire ce que vous pensez des nouveaux réglages proposés, ou de me faire d’autres suggestions.

    Vous en remerciant à l’avance

    Pierre SEVRIN

  2. Bonjour Jérôme

    Le mode de mesure est Evaluative, et je laisse la cellule de l’appareil faire le travail de mesure sur place une fois installé et avoir repéré l’endroit pour déclenché

    Merci d’avance pour la réponse

    Pierre SEVRIN

  3. Bonsoir Jérôme

    Merci d’avoir lu ma question. Je réponds aux questions posées.

    – Le mode de mesure utilisé est la mesure évaluative

    – La mesure de la lumière est réalisé sur le lieu même ou je vais déclencher, et la, je laisse l’appareil photos faire cette mesure.

    Merci d’avance pour ta réponse

    Pierre SEVRIN

  4. Le mode de mesure évaluatif est un bon choix. S’il n’y a pas de contrejour ou d’écart de contrastes dans la scène, tu peux laisser l’appareil faire la mesure. Sinon il faut prévoir de mesurer la lumière sur un gris moyen.
    Si tu souhaites garder ta mesure juste le temps d’une ou deux photos, les modes semi auto (Av ou Tv) avec une mémorisation d’exposition sont parfaits.
    Si tu souhaites garder la même mesure sur une longue durée, le programme d’exposition manuel joue le rôle de mémorisation d’exposition permanente.
    Tu n’est pas obligé de rester à 200 ISO car les capteurs des gros boitiers comme le tient supportent bien la montée en ISO jusqu’en 400 voire 800 ISO.
    Si tu dois changer quelque chose, c’est peut-être de travailler avec des ouvertures plus grande pour réduire la profondeur de champ et isoler le coureur du fond. Il sera mieux mis en valeur dans l’image s’il ne se fond pas dans le décor.

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