Tirage photo argentique en noir et blanc : réaliser un tirage de lecture

Comment réaliser le tirage photo argentique en noir et blanc à partir d’un négatif. Je vous propose en effet de découvrir le fonctionnement d’un laboratoire argentique noir et blanc. Nous allons voir comment fonctionne un agrandisseur, comment on met en place les bains de chimie et réaliser ensemble un premier tirage argentique sur papier en noir et blanc. Si vous ne connaissez pas l’argentique ou si vous ne vous intéressez qu’au numérique, vous pouvez rester quand même, c’est aussi l’occasion de voir des notions que vous connaissez en numérique sous un jour nouveau… ou ancien. C’est comme vous préférez !

Aujourd’hui je vous propose une première vidéo d’initiation sur le tirage photo argentique. Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un cours ni d’optique ni de chimie et je ne rentrerai pas non plus dans des détails trop techniques. Le but de cette vidéo est avant tout que vous puissiez avoir un aperçu simple de ce qu’est un tirage argentique noir et blanc sous agrandisseur. On est tellement habitué au numérique que l’on en oublierai parfois comment tout cela fonctionnait il y a pas si longtemps que ça.

Mais, on va le voir, bon nombre de principes qui prévalent aujourd’hui avec le numérique sont nés avec l’argentique. Finalement, que vous ayez connu la photo à l’époque de l’argentique ou pas, les principes de base restent les mêmes. Les connaissances acquises en numériques sont mêmes très intéressantes pour bien utiliser l’argentique.

Argentique ou numériques, les fondamentaux restent les mêmes

Aussi, si vous débutez ou si vous n’avez pas encore les notions de base sur les réglages photo, je vous invite à suivre la série de vidéos sur les principaux réglages en photographie qui se trouve sur mon site internet. Je vous ai ajouté un lien dans la bulle d’info et dans  la description de la vidéo.

C’est une formation gratuite d’une semaine sur les fondamentaux en photographie numérique mais qui vous sera aussi utile pour comprendre le fonctionnement de l’argentique.

A la prise de vues par exemple, on expose toujours en dosant le triangle d’exposition : sensibilité ISO, vitesse d’obturation et ouverture de diaphragme. Et on va même retrouver certaines de ces notions lors du tirage d’une photo sous agrandisseur.

L’agrandisseur est le Photoshop de l’argentique

L’agrandisseur est à la photographie argentique ce que Photoshop est à la post production en numérique. On va par exemple faire appel à des notions simples que sont la luminosité et le contraste. Exactement comme en numérique. Sauf que la mise en oeuvre n’est pas informatique mais se passe sous l’agrandisseur et dans les bains de chimie.

En argentique il y a plusieurs étapes importantes qui permettent d’influer sur le rendu d’une image : la prise de vues, le choix et le développement du négatif ou encore le tirage d’un positif sur papier. C’est de cette dernière étape dont nous allons parler aujourd’hui.

Je vous propose de découvrir le principe de fonctionnement d’un agrandisseur noir et blanc, la mise en place de la chimie et le développent d’un tirage noir et blanc sur papier.

Le fonctionnement d’un agrandisseur noir et blanc

Comme sont nom l’indique, un agrandisseur est fait pour agrandir une image. Ça fonctionne un peu comme un vidéo projecteur sauf qu’au lieu de mettre une vidéo dedans, on met un négatif en noir et blanc. Je précise bien « noir et blanc » car le développement avec un agrandisseur couleur est un peu différent. Je m’en tiendrai donc ici au développement noir et blanc.

Si on regarde les différentes parties de l’agrandisseur, on constate qu’il y a une lampe qui… fait de la lumière ! Ohhhh ! Cette lumière éclaire un plateau. Ohhhh !

Entre la lampe et le plateau, on place un négatif dans un passe-vues. Et, grâce à un objectif, on projette l’image du négatif sur le plateau. Il suffit alors de mettre sur le plateau un papier qui réagit à la lumière pour avoir une photo. Nous reviendrons sur le papier tout à l’heure…

Car avant de nous intéresser à l’exposition du papier, il faut commencer par avoir une image nette.

Pour agrandir l’image et adapter sa taille à la taille du papier, on faitmonter et descendre la tête de l’agrandisseur sur la colonne, avec les grosses molettes. 

C’est la première étape avant la mise au point.

Si vous avez bien suivi les cours de la formation sur mon site, vous savez que la mise au point se fait sur un… sur un plan ! Et que la mise au point est liée à la… distance !

Et ça tombe bien car en jouant non plus sur les grosses molettes mais sur les petites molettes, on va pouvoir ajuster le plan de netteté sur le plateau, à l’endroit où sera placée la feuille sur laquelle sera projetée l’image du négatif.

Pour ajuster précisément la mise au point, on peut utiliser une sorte de loupe qui permet de faire le net directement sur les grains du négatif. Celui que j’utilise s’appelle un Scoponet.

On met l’oeil dedans et on ajuste la mise au point avec la molette micrométrique de l’agrandisseur. Quand les grains du négatifs sont bien nets c’est que l’image est nette.

La loupe, ici un Scoponet, est positionnée sous l’agrandisseur.
Le scoponet permet de regarder directement sur le négatif.
La mise au point est ainsi faite directement sur les grains du négatif.

L’exposition d’un tirage photo argentique

Sur le négatif, tout ce qui est blanc apparait noir et tout ce qui est noir apparait blanc. C’est pour ça que ça s’appelle un négatif. Du coup quand la lumière passe à travers le négatif, les parties noires du négatifs retiennent la lumière de la lampe et les parties blanches laissent passer le lumière de la lampe. Comme le papier réagit en s’assombrissant à la lumière, ce qui était blanc sur le négatif, laisse passer la lumière de la lampe. La papier va pouvoir réagir à cette lumière. Ce qui était blanc sur le négatif, devient alors noir sur le papier.

A l’inverse, ce qui est noir sur le négatif ne laisse pas passer la lumière. A cet endroit, le papier ne réagira donc pas et restera blanc. L’image négative sur le négatif redevient positive sur le papier.

Mais vous le savez : rien n’est jamais vraiment tout noir ou tout blanc. C’est pour ça qu’on a aussi du gris. Une photo en noir et blanc est donc en noir, en blanc et, c’est le côté positif du négatif, en toute une gamme de gris.

L’agrandisseur va ainsi permettre d’exposer l’image du négatif sur le papier en une version positive.

Pour cela, on va faire passer une quantité de lumière plus ou moins importante à travers l’objectif en jouant sur deux paramètres : le temps de pose et l’ouverture de diaphragme. Et oui, de la même manière que votre appareil photo régule la quantité de lumière qui expose le négatif ou le capteur numérique, l’agrandisseur lui aussi régule la quantité de lumière qui expose le papier avec le diaph et le temps de pose.

Un autre point intéressant sur cet agrandisseur c’est la présence d’une sorte de petit tiroir. Sur cet appareil il est placé entre la lampe et le négatif. C’est un tiroir qui est fait pour glisser des filtres. Ces filtres vont nous permettre de filtrer la lumière pour modifier le contraste de l’image sur le papier : les grades.

Le papier pour un tirage photo argentique

Si les papiers peuvent être brillants, mats ou perlés, il y a surtout deux grand types de papier photo argentique : le papier plastique et la papier papier. Dans tous les cas, le papier est recouvert d’une émulsion de cristaux d’argents qui réagit à la lumière. C’est pour ça que l’on parle de photographie argentique. Ce n’est pas uniquement parce que ça coûte cher.

On parle de papier RC pour Résin Coated pour le papier plastifié et de papier FB pour Fiber Based pour la papier barythé. Le papier que l’on va utiliser aujourd’hui est un papier plastifié. Il plus simple et plus économique mais pas aussi qualitatif que le barythé. Le vrai papier ayant quand même plus de gueule que le plastique. Mais c’est aussi plus difficile à manipuler.. 

Et les papiers peuvent aussi être « multigrades ».

On l’a vu précédemment, les petits filtres qui se glissent dans l’agrandisseur vont filtrer la lumière pour modifier le contraste de l’image sur le papier. Les premiers papiers étaient gradés. C’est à dire qu’ils permettaient d’obtenir un contraste donné. Pour changer le contraste, il fallait changer de papier.

Avec les filtres et les papiers multigrades, il suffit de de changer le filtre pour modifier le contraste. Plus besoin de changer de papier. Autre avantage, on pourra aussi exposer une image en plusieurs fois avec des grades différents. Cela pour obtenir un contraste différent à différents endroits de l’image.

La lumière rouge inactinique

Dernier point important sur le papier : il réagit à la lumière. Autrement dit, si je sort une feuille de papier en pleine lumière, la feuille va être exposée et devenir toute noire au développement. Cela laisserait supposer que pour manipuler et exposer une feuille de papier photo, il faille travaille dans le noir.

Fort heureusement, les papiers sont sensibles à la lumière mais pas à la lumière rouge. On peut donc travailler sous une lumière rouge dite lumière inactinique car elle n’a pas d’effet photochimique sur le papier photo. C’est aussi pur ça que l’on a un petit cache rouge sous l’objectif de l’agrandisseur. Il sert à manipuler le papier sous l’agrandisseur sans qu’il ne puisse réagir à la lumière. On en vient donc à la chimie…

Les bains de chimie pour développer une photo argentique 

Une fois exposée, la feuille a besoin d’être révélée pour faire apparaitre les cristaux d’argent qui ont été exposés à la lumière sous l’agrandisseur.

Le papier va passer dans différents bains avec au minimum: révélateur pour faire apparaitre l’image. Puis bai d’arrêt pour stopper l’effet du révélateur. Puis fixateur pour fixer l’image sur le papier. Sinon elle part en courant. Et enfin un dernier bain pour enlever le fixateur. On peut aussi ajouter d’autres bains pour optimiser le traitement en amont et à l’issue du traitement. Mais nous nous en tiendrons là pour aujourd’hui.

Pour chaque produit, il faut suivre les recommandations du fabriquant pour la dilution, la température du bain, le temps de passage du papier dans le bain, si on agite ou pas la cuve… Autant de facteurs qui pourraient avoir une incidence sur le rendu de l’image. Quoi que vous fassiez, je vous recommande de noter chaque paramètre. Si vous faites des essais, ne faites varier qu’un seul paramètre à la fois. Sinon c’est le bazar !

Ici, le révélateur, en rouge ira dans la bassine rouge, dilué à 1+9 à 20°C. On y laissera la papier une minute.

Le bain d’arrêt ira dans un bac jaune avec du vinaigre dilué à 2%. Je laisserai le papier 30 secondes.

Le fixateur en vert ira dans la bassine verte dilué lui aussi à 1+9 et je laisserai le papier 30 secondes avant de le passer dans un dernier ban de lavage à l’eau dans une cuve jaune.

Point important, pour manipuler le papier dans les bacs, on utilise des pinces. On veillera à ne pas passer les pinces d’un bac à l’autre pour ne pas contaminer la chimie d’un bac avec celle d’un autre bac.

Tirage d’une photo noir et blanc sous agrandisseur pas à pas

Je vous liste les principales étapes que je vous montre dans la vidéo ci-dessous :

Pensez à liker et partager la vidéo pour donner un coup de pouce à la chaine Youtube 🙂

Réalisation d’une bande d’essai

  • Utiliser le filtre Grade 2 
  • Faire la mise au point
  • Ouvrir le diaph pour avoir une meilleur visibilité sous filtre rouge
  • Fermer le diaph de deux valeurs pour exposer pour maximiser la qualité de l’objectif
  • Mise en place du cache rouge

Eteindre la lumière blanche, allumer la lumière inactinique

  • Sortir le papier
  • Couper une bande dans le sens de la largeur
  • Bien regarder le côté brillant de la feuille vers le haut
  • Utiliser un cache noir et le décaler à intervalles de temps réguliers pour déterminer le temps de pose nécessaire pour exposer l’image
  • Développer dans les bains

Lecture de la bande d’essai

  • Choisir le temps de pose le plus adapté

Le tirage de lecture

  • Répéter les étapes précédentes sur une feuille de papier entière
  • Développer dans les bains
  • Mettre à sécher à plat sur un chiffon sec
Tirage sortant du fixateur, égoutté avant de passer au bain de lavage.

Voilà vous savez comment réaliser un tirage photo argentique en noir et blanc. Ou pour le moins un  tirage de lecture car, tout comme on peut assombrir ou éclaircir certaines parties de l’image en post prod sur une photo numérique, on va pouvoir masquer une photo pour obtenir un rendu plus fouillé. Le tirage de lecture est une première étape vers un travail d’interprétation du négatif par le tireur. Et cela pourra faire l’objet d’une prochaine vidéo.

En attendant vous pouvez poster vos questions en commentaire de cette vidéo ou, mieux, dans le groupe et le forum dédié à la photographie argentique.

Je vous souhaite une bonne semaine, de bonnes photos et je vous dit « à tout de suite » pour échanger sur le site dans le groupe dédié à la photographie argentique Bonne semaine et bonnes photo !

Jérôme Pallé, Photographe

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